Il semble que l’avenir de la Turquie soit à un carrefour. Dernièrement, le premier ministre Recep Tayyip Erdoğan n’a pas hésité à présenter des lois limitant la liberté d’accès à internet et l’indépendance du pouvoir judiciaire. Erdoğan même a dit au Président de Russie Vladimir Poutine d’accepter son pays à l’Organisation de Coopération de Shanghai, une demande étonnante pour un pays membre de l’OTAN, et qui est engagé dans des négociations d’adhésion avec l’Union Européenne. Mais le tableau politique de la Turquie peut changer après les trois prochaines élections dans le pays en 2014 et 2015.
Le 30 mars prochain auront lieu les élections municipales. Pour la première fois depuis de longues années, le parti d’opposition le CHP (Parti Républicain du Peuple) se montra ambitieux pour ces élections. Le nouveau chef du parti, Kemal Kılıçdaroğlu rationnellement essaye d’élargir les frontières de son parti en guise de construire des nouveaux liens avec des fractions sociologiques de droit. Kılıçdaroğlu n’a pas hésité à soutenir Mustafa Sarıgül, actuel le maire de Şişli, candidat à la mairie d’Istanbul bien que celui-ci soit son concurrent direct aux prochaines élections pour la direction du parti CHP. Sarıgül est un homme de politique atypique; il est populiste et plait aux conservateurs, il est pieux mais défend le sécularisme comme système politique. C’est un socio-démocrate qui plait aux businessmen. Il peut remporter les élections face au candidat de l’AKP (Parti de la Justice et de Développement) Kadir Topbaş le 30 mars prochain.
Mustafa Sarıgül
En ce qui concerne la mairie d’Ankara, la capitale, Kılıçdaroğlu a fait un choix courageux en soutenant le candidat nationaliste du MHP (Parti d’Action Nationaliste) Mansur Yavaş. Yavaş peut obtenir un nombre de voix record pour le CHP. Entre 1999 et 2009, Yavaş a très bien réussi à Beypazarı ou il a proposé un développement touristique intéressant. Il a des chances de vaincre le candidat de l’AKP Melih Gökçek à condition de garder les voix de ses supporteurs du MHP.
Mansur Yavaş
Au bord de mer Egée, la 3eme ville de Turquie, Izmir est un fief du CHP avec Aziz Kocaoğlu. Le CHP peut remporter les élections dans cette ville ou l’opposition séculariste est forte.
Aziz Kocaoğlu
Le 2 Aout 2014 aura lieu la première élection présidentielle au suffrage universel. Erdoğan, qui n’a pas réussi à faire adopter un régime présidentiel, sera probablement candidat pour Çankaya. Cependant Erdoğan ne semble plus en position de force depuis ses démêlées avec la puissante communauté islamique dirigée par Fethullah Gülen. Fethullah Gülen, religieux musulman, vit aux Etats-Unis défend l’intégration avec l’occident. Ses sympathisants peuvent supporter un autre candidat contre Erdoğan à l’élection présidentielle. Certains journalistes pensent même que le président actuel, Abdullah Gül, pourrait se présenter face à Erdoğan, soutenu par les membres de la communauté de Gülen. Mais jusqu’à aujourd’hui Gül n’a rien entrepris contre Erdoğan et garde un profil bas.
Fethullah Gülen
Le candidat du CHP pourrait, lui aussi, s’appuyer sur le mouvement Islamiste de Gülen pour contester le pouvoir absolu d’Erdoğan. Les candidats du CHP pourraient être; le chef du parti Kemal Kılıçdaroğlu, le President de l’Ordre des avocats Metin Feyzioğlu ou le maire d’Eskişehir Yılmaz Büyükerşen qui a fait de grandes choses pour sa ville. Pour cette élection présidentielle, les supporteurs du MHP pourraient soutenir le candidat du CHP pour protester contre les négociations engagées par Erdoğan avec le chef de PKK, Abdullah Öcalan par l’intermédiaire de l’Organisation Nationale du Renseigment Turc (MİT).
Metin Feyzioğlu
Yılmaz Büyükerşen
Enfin, les troisièmes élections devraient avoir lieu en Juin 2015, mais elles pourraient être anticipées si Erdoğan et l’AKP perdent des voix aux élections de 2014. L’élection d’Erdoğan à la présidence de la république en aout 2014 pourrait affaiblir l’AKP. Mais qui sont les candidats à la succession de Erdoğan à la tête de l’AKP ?
Abdullah Gül
Abdullah Gül, l’actuel président est le candidat favori mais ce n’est pas la garantie que Gül voulait retourner à la politique partisan. Bülent Arınç, l’un des chefs d’AKP pouvait remplacer Erdoğan mais il a déjà déclaré qu’il va prendre sa retraite. Numan Kurtulmuş, politicien de la tradition Islamiste venant d’école de Necmettin Erbakan, peux remplacer Erdoğan aussi. Ali Babacan est aussi un candidat potentiel qui a en sa faveur ses relations internationales en particulier avec des sociétés de financement. Et enfin Ahmet Davutoğlu, l’actuel Ministre des Affaires Etrangères est un autre candidat, mais il a perdu beaucoup de soutien suite à ses positions vis-à-vis de la Syrie.
Numan Kurtulmuş
Ali Babacan
Ces trois élections vont déterminer le futur de la Turquie. Avec un nouveau gouvernement du CHP, la Turquie pourra retrouver ses alliés historiques et mieux se concentrer sur l’adhésion à l’Union Européenne. Un tel gouvernement aidera la Turquie à préserver sa démocratie. Si l’AKP reste en place, dans les prochaines années le régime islamique deviendra encore plus autoritaire. L’important n’est pas qui gagne et gouverne la Turquie, mais le gouvernement doit trouver un équilibre dans sa politique étrangère afin d’aider à résoudre les problèmes entre l’occident et l’orient tout en restant fidèle à ses alliées de l’OTAN et l’UE.
Dr. Ozan ÖRMECİ
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