La Turquie va organiser deux
élections en même temps en juin 2023 :
les élections législatives et présidentielles. Ces élections vont
déterminer qui va gouverner le pays dans les années suivantes. Comme la Turquie
marche vers le 100ieme anniversaire du régime républicain et il y a une
polarisation grave dans le pays, ces élections sont très importantes pour la nature
du régime et donc la future proche de la Turquie. D’un côté, le Président Recep
Tayyip Erdoğan et son parti islamoconservateur l’AKP (Parti de la justice et de
développement) et les partis ultranationalistes le MHP (Parti d’action
nationaliste) et le BBP (Parti de la grande unité) forment l’Alliance Populaire
(Cumhur İttifakı), d’autre côté, le parti pro-séculaire et social-démocrate
le CHP (Parti républicain du peuple) et ses alliés le Bon Parti (İYİ Parti), le
Parti de la félicité (Saadet Partisi), le Parti Démocrate (DP), le Parti de
DEVA et le Parti de la Future (Gelecek Partisi) forment l’Alliance Nationale (Millet
İttifakı). Mais comme l’intellectuel Zülfü Livaneli a déjà dit, aujourd’hui
la Turquie est composée de trois blocs[1]
et le dernier bloc est celui des kurdes. Alors le parti pro-kurde le HDP (Parti
démocratique des peuples) est aussi important pour le résultat de ces
élections. Dans cet article, je vais essayer de résumer ce qui se passe
actuellement dans la vie politique de la Turquie.
Ümit Özdağ
Le plus grand changement dans les
mois derniers c’est l’augmentation des voix du parti ultranationaliste et
anti-immigrant le Parti de la Victoire (Zafer Partisi). Ce petit et nouveau
parti est créé par un professeur de science politique assez connu Ümit Özdağ.
Özdağ est un politicien ultranationaliste qui vient de la tradition de MHP. Mais
son parti attire également l’attention des électeurs de CHP qui défendent le
nationalisme et le sécularisme à la fois. Selon le nouveau sondage de MetroPOLL
en août, le soutien pour ce parti est maintenant entre 2 et 3 %.[2]
Özdağ a une rhétorique nationaliste, anti-immigrant et claire : il veut
renvoyer les immigrants syriennes et afghanes à leur pays tout de suite et il
veut supprimer les forces politiques pro-kurdes. De même il n’est pas fréquemment
invité sur les plateaux des émissions de télévision. Il utilise donc le réseau-sociaux
très efficacement et publie des vidéos sur Youtube[3].
Le parti d’Özdağ peut augmenter ses voix et changer le résultat de ces
élections en séduisant les électeurs du CHP et du Bon Parti.
Kılıçdaroğlu et Akşener
D’autre part, le candidat
présidentiel de l’opposition reste encore une énigme. Mais dans les semaines
dernières, le chef du CHP Kemal Kılıçdaroğlu a commencé à donner des messages
clairs pour devenir le candidat. Il a dit qu’il serait prêt pour devenir
candidat si l’opposition se met en d’accord sur sa candidature.[4]
Le chef du Bon Parti Meral Akşener a d’ailleurs dit que Monsieur Kılıçdaroğlu avait
le droit d’être candidat et elle n’a pas critiqué Kılıçdaroğlu.[5]
Mais selon les sondages, le maire d’Ankara Mansur Yavaş et le maire d’Istanbul
Ekrem İmamoğlu aurait pu avoir plus de chances contre Recep Tayyip Erdoğan.[6]
Le candidat d’opposition sera probablement précisé en novembre ou décembre. D’après
les derniers sondages, le CHP posséderait seulement 23,2 % des voix, mais avec
le soutien des autres partis, le bloc l’Alliance
Nationale pourrait parvenir à obtenir 41,3 % des voix (le Bon Parti 13,7 %, le DEVA 3,1 %, le
Parti de la félicité 1,3 %) contre 40,4 du bloc l’Alliance Populaire (l’AKP
33,3 % + le MHP 7,1 %).[7]
En supplément, le CHP a récemment expulsé le maire de Bolu Tanju Özcan pour une
année à cause de ses messages politiques anti-immigrant et racistes.[8]
Devlet Bahçeli et Recep Tayyip Erdoğan
Par ailleurs, le gouvernement essaye
de faire la politique de diversion pour détourner la situation à sa faveur. Par
exemple, le récent conflit entre la Grèce et la Turquie est une bonne chance
pour l’AKP et le MHP d’instrumentaliser le nationalisme et de canaliser les
électeurs indécis dans leur bloc. En plus, le Président Recep Tayyip Erdoğan
cherche des solutions pour la crise économique dans laquelle le pays se trouve en
créant des liens politiques/diplomatiques et économiques avec les pays arabes
du golfe ainsi qu’avec la Russie, la Chine et l’Israël. Erdoğan va aussi
rebattre les cartes afin de rester au pouvoir et va probablement mettre en
place l’économie de l’élection uniquement pour gagner ces élections décisives. Erdoğan
peut aussi essayer de profiter de la fermeture du parti pro-kurde le HDP par la
cour constitutionnelle dans les mois prochaines.
Bien sûr, pour ces élections, même
les petits partis seront trop importants. Alors la voix des petits partis comme
le parti de la Ville natale (Memleket Partisi) de Muharrem
İnce, le Nouveau parti du bien-être (Yeniden Refah Partisi) de Fatih Erbakan et
le Mouvement du changement de la Turquie (Türkiye Değişim Hareketi) de
Mustafa Sarıgül peuvent avoir un effet sur les résultats. Pour moi une chose
est certaine ; il y aura surement un résultat à obtenir, mais avec un
écart resserré.
Correcteur d’orthographe et de grammaire : Berkay TEMEL
Dr. Ozan ÖRMECİ
[2] https://www.diken.com.tr/arastirma-zafer-partisine-en-buyuk-gecis-chpli-secmenden/; https://medyascope.tv/2022/09/02/metropoll-anketi-altili-masa-cumhur-ittifakini-gecti/.
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